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Le pica chez le chien

Le pica est une maladie qui consiste à avaler compulsivement des objets ou des matières non alimentaires. Elle existe dans l’espèce humaine (où elle atteint plus souvent les femmes) et est connue depuis longtemps chez les animaux : les oiseaux, les chevaux, les chiens, les chats et même les vaches peuvent présenter du pica ! Un tel trouble alimentaire a souvent de graves conséquences sur la santé des animaux atteints.

Que mangent les chiens atteints de pica ?

En fait, la liste peut être longue car les chiens ont tendance à manger ce qui est à leur portée : de la terre, du sable, des gravillons, des cailloux, des végétaux, des tissus (vêtements, couvertures…), du papier ou du carton, des bouteilles en plastique, du bois, du métal (barreaux ou grillage de leur chenil), leurs propres poils, etc. L’ingestion d’excréments est une forme particulière de pica appelée « coprophagie ».

Certains chiens présentent également une manie spécifique, qui peut s’apparenter au pica, et qui consiste à lécher compulsivement des surfaces minérales (murs, sols…).

En revanche, l’ingestion d’herbe, si elle reste limitée, n’est pas considérée comme du pica. Le chien ingère simplement les fibres végétales nécessaires à la stimulation de son transit intestinal. Même les chiens recevant une alimentation avec un taux de fibres suffisant mangent de l’herbe.

Attention également à ne pas confondre le pica avec le comportement exploratoire normal du chiot, celui-ci ayant tendance à « goûter » les objets de son environnement. Un « non » ferme lui permet rapidement de comprendre ce qui se fait ou pas !

Quelle est l’origine du pica ?

  • L’ennui ou le stress. Le pica est fréquent chez les chiens qui s’ennuient parce qu’ils sont laissés seuls toute la journée, en appartement ou enfermés dans des chenils ou des courettes sans aucune stimulation. Le pica est alors un moyen d’évacuer leur stress et/ou d’attirer l’attention de leurs maîtres.
    > Le même phénomène s’observe chez les volailles en élevage industriel, les oiseaux de cage ou de volière (qui ont tendance à arracher leurs propres plumes pour les manger), les chevaux en boxes, les animaux dans les zoos…
  • Une carence alimentaire. Le phénomène a été démontré chez l’homme et le chat : le pica est quelquefois associé à une anémie et serait alors dû à l’épuisement des réserves en fer de l’organisme. Chez les bovins, du pica peut être observé en cas d’alimentation trop pauvre en sodium. La relation entre carence alimentaire et pica est probable chez le chien, mais elle n’a pas encore été démontrée.
    > La carence alimentaire est rare chez les animaux nourris avec une alimentation industrielle complète de très bonne qualité.
  • Un trouble digestif. Plusieurs troubles ont été identifiés : présence d’un corps étranger dans l’estomac, inflammation de l’intestin, maladie pancréatique, parasitisme interne, prolifération anormale de bactéries dans l’intestin, etc. Le pica serait alors une façon de calmer la douleur ressentie par le chien, voire de se faire vomir (surtout en cas de parasites digestifs).
  • Une maladie générale. Le diabète, la maladie de Cushing, certains cancers, par exemple, entraînent souvent une boulimie, incitant le chien à manger tout et n’importe quoi.
  • Une séparation précoce d’avec la mère. Selon différentes études, une séparation trop précoce de la mère, entre 30 et 45 jours, peut entraîner le développement des troubles du comportement chez ses chiots, dont le pica.
  • La sénilité. Le pica fait partie des symptômes de vieillissement pathologique du chien, regroupé sous le nom de syndrome DCC ou dysfonctionnement cognitif canin. Il s’accompagne alors de gémissement, désorientation, agressivité, troubles de l’humeur, etc.

Quel est le risque pour les chiens atteints de pica ?

Les risques diffèrent selon la nature des objets ou matières ingérés :

  • Troubles digestifs : irritation du tube digestif entraînant de la diarrhée et/ou des vomissements, sub-occlusion ou occlusion digestive (en cas d’ingestion de ficelles, tissus, plastiques…), perforation digestive (en cas d’ingestion d’objets coupants comme des bouts de bois, de la ferraille, des os…), péritonite ;
  • Usure précoce de l’émail des dents, voire fracture dentaire, en cas d’ingestion d’objets très durs ;
  • Parasitisme ou infection en cas d’ingestion de grandes quantités de terre ou de sable contaminé ;
  • Intoxication en cas d’ingestion de végétaux non comestibles ou de médicaments.

> Le chien peut également présenter une baisse de forme et un amaigrissement si l’ingestion des matières indésirables non nutritives se fait au détriment de la ration alimentaire normale.

Que faut-il faire en cas de pica ?

Si le diagnostic de pica est assez facile à établir, il est souvent plus difficile d’en trouver la cause.

Plusieurs éléments sont faciles à vérifier et à modifier :

  • Le chien reçoit-il une alimentation de très bonne qualité, en quantité suffisante ?
  • Est-il vermifugé régulièrement, avec un traitement antiparasitaire adapté ? Des coproscopies sont-elles réalisées pour vérifier la réalité de l’infestation parasitaire et l’efficacité du traitement ?
  • Si le chien est laissé seul pendant la journée, a-t-il moyen de s’occuper : présence d’un compagnon, aménagement d’un poste d’observation… ?
  • Est-il sorti régulièrement ?

> Il suffit quelquefois, pour amenuiser les symptômes de pica, de changer d’alimentation (passage à un aliment hyperdigestible par exemple), de proposer au chien des jouets très solides ou des os à mâcher, ou encore de passer plus de temps avec lui, en détournant son attention dès qu’il présente un comportement indésirable.

Si le pica continue, un examen complet, et en particulier une exploration de la fonction digestive, doivent être effectués par un vétérinaire : bilan sanguin, analyse de selles, échographie, endoscopie digestive…

Si aucune raison médicale ne permet d’expliquer le pica, le problème est peut-être uniquement comportemental. Un vétérinaire spécialisé dans le comportement du chien peut proposer une solution, incluant un traitement médical et une thérapie comportementale.

Dans tous les cas, en attendant de trouver une solution au problème, l’environnement du chien doit être sécurisé au maximum : promenades sous surveillance et en laisse, éloignement du chien de tous les objets consommables potentiellement dangereux, etc.