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Que peut-on attendre de la stérilisation dans le traitement des troubles du comportement ?

Des idées reçues autour de la castration fourmillent dans nos têtes, au palmarès desquelles le fait de castrer un chien agressif le rend gentil, les chevauchements sont liés à une frustration sexuelle et la castration est la solution pour les chiens fugueurs. La stérilisation est perçue comme une chose facile et simple en réponse à quasiment tous les problèmes de comportement. Cependant bien souvent il faut réellement se poser les questions des véritables indications de la castration (agressions, fugues, marquage urinaire, hyper sexualité), et ses moyens de réalisation (médicales ou chirurgicales).

Castration et aggressivité

L'idée reçue selon laquelle la castration résout les problèmes d'agressivité a été étayée par d'anciens travaux qui montrent que lors d'agressivité, le taux de testostérone sanguin est élevé. Cependant, ces études, dans la majorité des cas, ont été réalisées sur des rats. Des études récentes n'ont pas permis de mettre en relation le taux de testostérone sanguin avec l'agressivité.

Lors d'agressions entre chiens mâles, la castration permet une diminution des agressivités dans 60 % des cas, essentiellement quand ces chiens se battent en présence d'une femelle. Dans toutes les autres formes d'agressivité, en particulier les agressivités vis-à-vis de la famille, et vis-à-vis des étrangers, la castration a une efficacité faible (environ 10 %).
On peut donc conseiller la castration face à un problème entre chiens mâles en présence d'une femelle, cependant, 40 % des chiens resteront agressifs.

Chez la femelle, on peut conseiller la stérilisation quand elle présente des agressions cycliques au moment des chaleurs vis-à-vis des autres chiens ou des propriétaires. On peut également la conseiller chez les chiennes présentant des grossesses nerveuses au cours desquelles elles présentent une agressivité parfois sévère, en particulier vis-à-vis des enfants.

Enfin, il est raisonnable de stériliser une chienne présentant des troubles du comportement de type hyperactivité/hypersensibilité, dans la mesure où cette chienne ne sera pas destinée à la reproduction et à élever ses chiots. En effet, il ne faut pas croire qu'une chienne présentant ce type de trouble comportemental sera «assagie» par la maternité : dans le meilleur des cas, les chiots deviendront également hyperactifs, et dans le pire des cas, la chienne peut tuer ses chiots en jouant avec.

Castration et fugue sexuelle

Les fugues constituent le deuxième motif de volonté de stérilisation. En fait, c'est l'origine de la fugue qui indiquera ou non la castration. Lors de fugue sexuelle, occasionnelle, avec un chien hurlant devant la porte, la castration est indiquée.

Cependant lors d'autres troubles du comportement, la castration n'aura pas effet.

Chez le chien hyperactif, la fugue répond à un besoin d'exploration énorme du territoire. Chez le chien présentant des troubles de hiérarchie, la fugue correspond à un droit que le chien s'octroie de sortir du territoire comme bon lui semble. Chez le chien phobique, la fugue répond à une peur à l'écoute par exemple d'un coup de fusil.

Les études montrent que pour les fugues sexuelles, la castration peut présenter une efficacité de 64 %. Dans les autres cas, la castration à un bénéfice dans moins de 16 % des cas.

Castration et marquage urinaire

Les marquages urinaires chez le chien ont globalement deux origines : des troubles de la hiérarchie ou la présence d'une femelle en chaleur à proximité. La castration procure une disparition définitive des marquages urinaires dans moins d'un cas sur trois, ce qui est moins qu'un placebo et bien moins qu'une thérapie comportementale.

L'hypersexualité, manifestée par des chevauchements, est souvent liée à une malpropreté, mais pas de façon systématique. Dans ce cas, des causes organiques peuvent être identifiées et un examen clinique par votre vétérinaire s'avère nécessaire avant de juger de la pertinence de la castration.

Dans les cas d’hypersexualité liée à des troubles comportementaux (troubles de la hiérarchie, syndrome hyperactif/hypersensible), la castration n'est pas une solution thérapeutique. Dans ces cas, la castration apporte une disparition totale des chevauchements dans moins d'un cas sur trois.

Castration chimique ou marquage chirurgicale ?

Il ne faut pas forcément croire que les traitements chimiques sont une simulation à une castration chirurgicale. Les effets apportés par les médicaments ne seront pas forcément les mêmes que ceux apportés par la castration chirurgicale.

En effet, les molécules utilisées (progestatifs) provoquent une action sur la libido, mais aussi agissent au niveau central et modifient l'activité motrice complète de l'animal. Par ce biais, les manifestations agressives peuvent ainsi être diminuées. Ce ne sera alors pas le cas lors de castration chirurgicale. Un bon résultat de la castration chimique avec ces médicaments ne préjuge en rien de l'effet de la castration chirurgicale.

Plus récemment, un implant hormonal a été mis sur le marché vétérinaire et inhibe la sécrétion hormonale pour une durée de six mois. En théorie, ce médicament pourrait reproduire les effets d'une castration chirurgicale.

Il y a énormément d'idées reçues et fantasques sur les effets de la castration. Elles sont à l'origine de déceptions qui peuvent être aussi grandes que les espoirs nourris.
Concrètement, on peut conseiller la castration :

  1. Chez les chiennes qui présentent des troubles comportementaux au moment des cycles.
  2. Chez les chiens lors d'agressivité en présence de femelle.
  3. Dans les fugues sexuelles.

Dans ces indications, le taux d'échec est pourtant encore de 40 %.

Dans tous les autres cas, la prise en charge du problème nécessite une consultation chez votre vétérinaire. La castration peut faire alors partie d'un des éléments de la prise en charge de la pathologie rencontrée. Cependant, elle sera majoritairement inefficace si elle n'est pas accompagnée d'une thérapie comportementale.